Sommaire
Pourquoi vos indicateurs ne “parlent” plus vraiment
Poser les bases : distinguer indicateurs et métriques
Indicateur local, indicateur partagé : clarifier les usages
Avancement, réalisation, impact : ne plus tout mélanger
Créer une bibliothèque d’indicateurs : le socle de l’harmonisation
Gouverner sans rigidifier : trouver le bon équilibre
Mettre la méthode en pratique avec Strat monitor
Ce que retiennent les membres du Club utilisateur
« Harmoniser les indicateurs, ce n’est pas uniformiser les pratiques : c’est créer un cadre commun pour mieux décider ensemble »
Frédéric Monomakhoff
Directeur Général
Virage group
A propos de l’auteur
Frédéric Monomakhoff est Dirigeant et Président de Virage group, éditeur de solutions de pilotage stratégique et de portefeuille de projets. Il cumule plus de 25 ans d’expérience dans le conseil et le pilotage de stratégies et projets.
Les organisations n’ont jamais disposé d’autant de données.
Et pourtant, le pilotage stratégique reste souvent fragile.
Indicateurs dupliqués, définitions variables, tableaux Excel hétérogènes, difficultés à consolider ou à comparer… À force d’accumuler les chiffres, les indicateurs finissent par perdre leur sens.
Lors de notre dernière réunion GPS (Groupe de Pilotage Stratégique – le club utilisateur de Strat monitor par Virage group), nous avons partagé une méthode concrète pour structurer, harmoniser et diffuser les indicateurs, sans complexifier les pratiques ni alourdir les équipes. Voici les enseignements clés à retenir.
Pourquoi vos indicateurs de performance ne “parlent” plus vraiment
Dans de nombreuses organisations, les indicateurs se sont construits par couches successives :
- Un indicateur créé pour un besoin ponctuel ;
- Un autre pour répondre à une demande institutionnelle ;
- Un troisième pour alimenter un reporting spécifique.
Résultat :
- Un même indicateur existe sous plusieurs formes ;
- Les définitions varient selon les services ;
- Les sources ne sont pas toujours identifiées ;
- La consolidation devient chronophage, voire impossible.
Le problème n’est pas le nombre d’indicateurs, mais l’absence de cadre commun. Sans structure partagée, les indicateurs ne soutiennent plus la décision : ils la compliquent.
Poser les bases : distinguer indicateurs et métriques
Premier prérequis : clarifier le vocabulaire. Tout ce qui est mesuré n’est pas nécessairement un indicateur stratégique.
- La métrique est une donnée brute, souvent opérationnelle, issue d’un outil de gestion.
Exemple : le nombre de dossiers traités par mois.
Cette mesure décrit une activité, mais ne dit rien en elle-même sur la performance, la qualité de service ou l’atteinte d’un objectif.
- L’indicateur est une donnée interprétée, construite pour éclairer un objectif, un enjeu ou une décision.
Il transforme une mesure en information actionnable en précisant :- Ce que l’on cherche à piloter (l’objectif) ;
- Le périmètre (qui / quoi / où) ;
- La règle de calcul (comment) ;
- La fréquence (quand) ;
- La source (d’où vient la donnée) ;
- Un responsable (qui en garantit la fiabilité) ;
- Et, idéalement, une cible et/ou un seuil d’alerte (à partir de quand on agit).
Exemple : plutôt que “nombre de dossiers traités”, on pilotera le taux de dossiers traités dans les délais (objectif : améliorer la qualité de service), suivi mensuellement, sur un périmètre défini, avec une cible à atteindre et un seuil déclenchant une action corrective.
En résumé : la métrique mesure ; l’indicateur guide. Une métrique peut alimenter un indicateur, mais ce dernier n’existe que s’il est relié à une intention de pilotage et à une décision possible.
Indicateur local, indicateur partagé : clarifier les usages
Tous les indicateurs n’ont pas vocation à être partagés à l’échelle de l’organisation. Il est essentiel de distinguer :
- Les indicateurs locaux, utiles au pilotage métier ou opérationnel, au plus près du terrain ;
- Les indicateurs partagés, utilisés pour comparer, consolider et dialoguer à un niveau transversal.
Les indicateurs locaux laissent de l’autonomie aux équipes : ils permettent d’ajuster rapidement l’action au quotidien.
Les indicateurs partagés, eux, créent un langage commun : ils rendent possible une lecture cohérente entre directions, sites ou services.
Exemple concret :
- Indicateur local : délai moyen de traitement des dossiers de demande d’indemnisation suite à la tempête Célia : indicateur très spécifique qui ne sera pas utilisé sur une autre action.
- Indicateur partagé : taux de dossiers traités dans les délais “référence” (même définition, même règle de calcul, même fréquence), suivi par l’ensemble des services pour comparer, consolider et piloter la qualité de service à l’échelle de l’organisation.
Harmoniser ne veut pas dire uniformiser : on peut conserver des indicateurs locaux adaptés au terrain, tout en définissant quelques indicateurs partagés clés pour garantir la cohérence du pilotage global.
Le risque apparaît lorsque :
- Des indicateurs locaux sont réutilisés tels quels sans harmonisation ;
- Ou lorsque l’on impose un indicateur unique à des réalités très différentes.
Avancement, réalisation, impact : ne plus tout mélanger
Un autre point clé abordé lors du GPS concerne la nature des indicateurs.
Trois grandes catégories doivent être clairement identifiées :
- Les indicateurs d’avancement
Ils répondent à la question : où en est-on ?
Exemples : taux d’avancement d’un plan d’action, jalons atteints.
- Les indicateurs de réalisation
Ils mesurent le niveau d’atteinte de l’objectif de l’action.
Exemples : réduction du nombre d’accidents du travail.
- Les indicateurs d’impact
Ils évaluent les effets réels des actions menées, qu’ils soient ou non liés à l’objectif de l’action, qu’ils soient positifs ou non.
Exemples : augmentation des coûts, engagement des collaborateurs, etc.
Confondre ces trois niveaux conduit à des lectures biaisées. Un projet peut être “terminé” sans avoir eu de bénéfices en termes de réalisation. Il peut aussi avoir un impact au-delà de son objectif, ou à l’inverse, avoir des effets négatifs.
Un pilotage stratégique solide repose sur la complémentarité de ces indicateurs. Les indicateurs d’impact sont les plus difficiles à évaluer et correspondent à un pilotage avancé.
Créer une bibliothèque d’indicateurs de performance: le socle de l’harmonisation
Pour structurer durablement les pratiques, la mise en place d’une bibliothèque d’indicateurs partagé est un levier central.
Cette bibliothèque permet de :
- Centraliser les indicateurs existants,
- Eviter les doublons,
- Capitaliser sur les définitions validées,
- Faciliter la réutilisation,
- Fournir une boîte à outils aux porteurs d’actions.
Il ne s’agit pas d’un catalogue figé, mais d’un référentiel vivant, qui évolue avec la stratégie et les usages.
Une bonne bibliothèque d’indicateurs :
- Intègre les attributs qualitatifs,
- Permet des évolutions maîtrisées,
- Sert de point d’appui aux équipes.
La bibliothèque n’est pas une contrainte : c’est un accélérateur de cohérence.
Gouverner sans rigidifier : trouver le bon équilibre
L’harmonisation des indicateurs pose naturellement la question de la gouvernance.
Quelques principes clés ressortent des échanges du Club utilisateur :
- Définir qui crée, qui valide, qui modifie un indicateur,
- Eviter les processus trop lourds,
- Privilégier des règles simples et partagées.
Une gouvernance efficace ne cherche pas à tout contrôler. Elle vise à garantir :
- La qualité des données,
- La cohérence des définitions,
- La traçabilité des évolutions.
Une bonne gouvernance facilite l’usage au lieu de le freiner.
Mettre la méthode en pratique avec Strat monitor
La méthode prend tout son sens lorsqu’elle est soutenue par un outil adapté.
Dans Strat monitor, les organisations peuvent :
- Centraliser leurs indicateurs dans une bibliothèque unique,
- Distinguer indicateurs locaux et partagés,
- Réutiliser des indicateurs existants sans ressaisie,
- Importer des bibliothèques (CSV) pour accélérer la structuration,
- Sécuriser la qualité et la traçabilité des données.
L’outil ne remplace pas la réflexion. Il permet de la rendre opérationnelle, partagée et durable.
Ce que retiennent les membres du Club utilisateur
Les retours d’expérience convergent sur plusieurs points :
- Commencer simple et progresser par étapes,
- Ne pas viser l’exhaustivité dès le départ,
- Associer progressivement les métiers,
- Accepter que la bibliothèque évolue dans le temps.
Structurer ses indicateurs est un chantier continu, pas un projet ponctuel.
Conclusion
Structurer, harmoniser et piloter ses indicateurs n’est pas un exercice technique.
C’est un levier de pilotage stratégique et de dialogue de gestion.
En posant un cadre clair, partagé et évolutif, les organisations redonnent du sens aux chiffres, facilitent la prise de décision et renforcent l’alignement stratégique.
C’est précisément cette approche pragmatique que les membres du Club utilisateur Strat monitor mettent en œuvre au quotidien.
FAQ – Indicateurs de performance
Qu’est-ce qu’un indicateur de performance ?
Un indicateur de performance est une donnée construite pour mesurer l’atteinte d’un objectif, éclairer une décision et orienter l’action. Il repose sur une définition partagée, une règle de calcul claire et un usage précis.
Quelle est la différence entre une métrique et un indicateur de performance ?
La métrique est une donnée brute, souvent opérationnelle. L’indicateur de performance interprète cette donnée au regard d’un objectif stratégique, avec une cible et, idéalement, un seuil d’alerte.
Faut-il harmoniser tous les indicateurs de performance ?
Non. Certains indicateurs restent locaux et propres à un métier. L’enjeu est d’harmoniser un nombre limité d’indicateurs de performance partagés pour garantir une lecture cohérente du pilotage à l’échelle de l’organisation.
Combien d’indicateurs de performance faut-il suivre ?
Il n’existe pas de nombre idéal. Mieux vaut peu d’indicateurs bien définis, compris et utilisés, que beaucoup d’indicateurs mal interprétés ou redondants.